« Le Seigneur de la Forêt » : Un chant mystique qui vient du fond des âges

Je ne peux que m’incliner face au talent de conteuse de l’autrice. Si les genres de l’imaginaire demeurent encore trop souvent le parent pauvre de la littérature française, Blondie Gradisnik en
redore le blason.​ La couverture, sublimement illustrée par Justine Robin, est le premier pas qui propulse dans un pur roman de fantasy, flirtant fréquemment avec l’heroic et la dark fantasy.
Gros, que dis-je, immense coup de cœur pour ce conte digne du grand J.R.R. Tolkien. 

 

Durant votre lecture, vous allez croiser des elfes, des nains, des orcs, bref, tout un bestiaire fantastique​ relativement connu. Pourtant, le récit est loin, mais alors très loin d’être une pâle copie du « Seigneur des Anneaux ».​ L’autrice nous transporte dans un univers complet et complexe, tout en demeurant accessible au commun des mortels. Sa plume est enchanteresse, les mots parfaitement choisis apportent une​ consonance lyrique digne de la transmission orale. 

 

Pour ma part, toute lutte était vaine. J’ai été happée par une intrigue des plus captivante. Je ne doute guère qu’il en sera de même pour la plupart d’entre vous. Sans trébucher sur de quelconques fioritures, vous rencontrerez des personnages profonds à la personnalité affirmée. Vous traverserez
des contrées plus dépaysantes les unes que les autres. Au fil de l’intrigue, vous deviendrez les témoins privilégiés de la naissance d’une légende.

J’en vois venir avec leurs gros sabots. C’est écrit par une fois femme, donc… on va laisser les préjugés au fond d’un tiroir. Puis, on ne m’interrompt surtout pas en pleine chronique. Vous voulez
savoir s’il y a de l’amour entre les lignes ? Oui, il y embrasse la mort et l’amitié s’acoquine avec la haine. Les autres thèmes abordés sont tout aussi forts : différence, vengeance, pardon, repentir,
solidarité, cheminement personnel. C’est à la fois doux comme un lait grenadine et violent comme un coup de poignard dans le dos. Le dosage est savant, chaque élément est à sa place.

En bref, de la pure fantasy, un conte envoûtant, une plume poétique, une autrice à suivre.