Gustave Flaubert : de Dîner de cons à Confessions intimes

Si vous avez déjà vu le Dîner de cons, inutile de perdre votre temps avec Emma Bovary.

Charles (le mari d’Emma), c’est le genre de mec qui dépose sa femme à l’hôtel en mini-jupe et en talons aiguilles, persuadé qu’elle va participer à une réunion Thermomix.

La naïveté de Charles est si impressionnante qu’on finit par comprendre que le mari est candauliste, le genre à se palucher derrière la vitre en regardant sa femme se faire entreprendre par un tiers.

Ce livre aurait pu s’appeler « La vie des gens ». D’abord on s’aime, puis on se lasse, ensuite le marivaudage, la jalousie, les crises de nerfs, etc.

« Emma retrouvait dans l’adultère toutes les platitudes du mariage. »

Bref, ça ressemble à un épisode de Confession intimes, sauf que l’action ne se déroule pas dans le Nord-Pas-de-Calais. De fait la Golf GTI tuning est remplacée par un magnifique carrosse ou derrière des rideaux de taffetas se jouent des scènes torrides.

Flaubert était-il un visionnaire ou un observateur génial de son époque s’agissant de la question de la femme ? 

Emma pas contente, Emma qu’a mal à la tête, Emma qui déplace les meubles tous les trois jours, Emma qui s’achète 12 paires de chaussures et 3 robes dans la même journée alors que le couple croule sous le déficit ! 

Flaubert avait-il anticipé ce que serait la femme de demain ?

Lire les livres de Flaubert, c’est comme vivre une vraie histoire d’amour. C’est long et ça n’est pas toujours simple. A certains moments, on s’épuise ou on s’ennuie mais toujours le désir renaît grâce à des fabuleuses fulgurances. 

L’amour est alors avivé et ravivé. Au fil de la lecture et du temps on apprend à faire confiance et l’on acquiert alors la certitude que les grands moments de découragements ne sont que des préludes à la rêverie.

Une seule objection s’agissant de Flaubert. On dit de lui que c’est un écrivain. Je voudrais que l’on cessât de se méprendre à son sujet. Flaubert était peut-être un écrivain de génie, mais il était avant tout un peintre fabuleux :

« Les massifs d’arbres, de place en place, saillissaient comme des rochers noirs ; et les hautes lignes des peupliers, qui dépassaient la brume, figuraient des grèves que le vent remuait. A côté, sur la pelouse, entre les sapins, une lumière brune circulait dans l’atmosphère tiède. La terre, roussâtre comme de la poudre à tabac, amortissait le bruit des pas ; et, du bout de leurs fers, en marchant, les chevaux poussaient devant eux des pommes de pin tombées ».

Impressionnant, impressionniste, Flaubert est assurément un monstre ou plus exactement « un homme-plume » comme il se plaisait à dire.