exemples de premières de couverture de livres françaises

Couvertures de livres : pourquoi les françaises sont si fades ?

Blanc, monochrome, peu d’illustrations. Les couvertures de livres françaises sont sobres, voire même fades, tu ne trouves pas ? Mais pourquoi ce choix éditorial ? Est-ce une particularité proprement française ? C’est ce que l’on va voir ensemble !

La particularité des premières pages des livres français

Voyons donc quelles sont les particularités des couvertures des ouvrages français.

Quelles sont les couleurs des premières de couverture chez les maisons d'édition ?

Avant tout, faisons un petit tour d’horizon des couvertures de livre auprès des maisons d’édition françaises les plus connues :

– rouge sur blanc crème pour Flammarion ou Gallimard ;

– vert et marron sur jaune pâle pour Grasset ;

– bleu sur blanc aux Éditions de Minuit ;

– bleu marine chez Stock ; etc.

 

Bref, les codes couleurs ne changent pas et sont très discrets. De plus, cela laisse l’impression que les illustrations semblent réservées à d’autres genres comme le polar, la science-fiction, le roman de gare (mettant dans le lot les romans feel good), les best-sellers, etc.

Un fonctionnement d'édition original

La littérature française semble privilégier la sobriété sur les premières de couverture contrairement à d’autres pays. En effet, aux États-Unis, un véritable effort graphique est fourni, et ce, depuis longtemps. Et il y a parfois même une volonté de créer des couvertures uniques pour chaque livre. En France, c’est longtemps resté une exception, comme le montre le travail de Pierre Faucheux qui a réalisé les couvertures des livres de poche :

couvertures de livres de poche réalisées par Pierre Faucheux

Alors tu te doutes que pour les lectrices et lecteurs anglais et états-unien, ces couvertures françaises paraissent très pauvres et donnent l’impression qu’il s’agit de livres à compte d’auteur. L’édition à compte d’auteur c’est lorsqu’un auteur paye lui-même les frais d’impression pour éviter le processus de sélection par une maison d’édition classique. Et les couvertures sont généralement neutres.

Mais ne pense pas que cette impression tout-texte est uniquement française. Il y a également une tradition anglo-saxonne de ce type, mais avec des lettres stylisées, ce qu’on appelle le « big book look« , soit l’aspect grand livre qui passe par un gros titre qui occupe toute la page avec un caractère bien marqué, parfois écrit à la main, avec parfois des jeux stylistiques :

exemples de première de couvertures de livres dites "big book look"

Et la sobriété peut aussi être inventive, comme c’est le cas en Italie, avec les monochromes de la Piccola Biblioteca d’Adelphi :

Une question de goût et de coût

Alors pourquoi ce choix si frenchy

Le parti pris de la sobriété

exemples de première de couverture de la collection blanche de Gallimard

La fameuse « Collection Blanche » de Gallimard apparaît en 1911 avec un fond crème, un lettrage rouge et noir et deux légers filets encadrant le tout. Ce style inspirera d’autres maisons d’édition.

Ce style épuré est gage de sérieux (en France, l’élégance et le bon goût sont très souvent associés à la sobriété). En plus de ça, on privilégie et on fait confiance au texte afin de ne pas tomber dans des concessions mercantiles. Il s’agit donc d’une sorte d’élitisme à la française qui distingue cette littérature d’autres styles considérés comme plus populaires, avec la nécessité d’attirer le chaland. Et ce style est devenu une image de marque.

Ces couvertures ont l’air extrêmement simples, dépouillées, très peu vendeuses. Pourtant, elles correspondent à une stratégie publicitaire qui est de mettre en avant le nom de l’auteur et le titre et de les faire « briller ».

Gérard Genette, un théoricien de la littérature, parle de « puissance symbolique de ce degré zéro, le blanc faisant office de signe par absence de signifiant ». 

Des frais d'impression onéreux

Parmi les premiers livres blancs, on trouve Le Silence de la mer de Vercors, paru en 1942. C’est même plutôt étonnant pour l’époque, car le blanc jaunit et vieillit mal. Mais cette couverture s’explique par les pénuries de la guerre, et en découle les choix graphiques qui vont suivre.

Et les frais sont élevés :

– l’impression coûte cher, surtout la quadrichromie (l’impression à partir de quatre couleurs) ;

– la rémunération du graphiste ;

– les droits d’auteur d’une photo ; etc.

Et qu’en est-il aujourd’hui ?

Des cultures graphiques qui se développent

Pendant longtemps, les cultures graphiques sont restées différentes entre pays. Mais le classicisme laisse de plus en plus de place à d’autres styles. Les couvertures sont plus souvent habillées d’un bandeau ou d’une demi-jaquette sur lesquelles il va y avoir une image.

Les petites maisons d’édition qui apparaissent aujourd’hui ont intérêt à ce que leurs livres soient remarqués. Aussi, ces jeunes maisons font souvent appel à des graphistes ou à des illustrateurs en leur laissant une relative carte blanche pour proposer des visuels qui vont être très inventifs.

Cette tendance s’incarne notamment avec David Pearson, un illustrateur britannique qui a notamment travaillé avec Wes Anderson. ce spécialiste de la typographie travaillait pour Penguin Books et a été débauché par la maison française Zulma. Celle-ci aurait triplé ses ventes en le recrutant et en créant un univers :

exemple de premières de couverture réalisées par pour Wes Anderson pour la maison d'édition Zulma

Étant donné que la vente en ligne se développe, la couleur permet de mieux apparaître dans les petites vignettes qui quadrillent les pages Internet. Elle permet aussi de renforcer le sens matériel de l’objet livre afin de se différencier de leurs alter ego numériques.

Comment créer une couverture de livre ?

Et alors en pratique, comment ça se passe ?

Comment s'appelle la 4ème de couverture d'un livre et quelle est sa fonction ?

Avant que l’on se penche sur la première de couverture en elle-même, il me semble intéressant de nous arrêter un instant tout d’abord sur la quatrième de couverture, souvent mise de côté, alors qu’elle est d’une grande importance.

La 4ème de couverture est la toute dernière page du livre, la page extérieure. Et pour briller en soirée, sache que le terme technique pour désigner la 4ème de couverture est « lodiciquarte ». Dans le cas des livres cartonnés, on la nomme aussi « plat verso ».

Sur cette page, on trouve un résumé de l’ouvrage ou bien un extrait assez représentatif, et parfois une présentation de l’auteur. Ces textes ont très souvent une fonction d’incitation à l’achat et sont rédigés par le service commercial ou éditorial de la maison d’édition.

Avec l’arrivée de la grande distribution dans les années 1950, le livre devient plus accessible, la concurrence est plus importante et il devient nécessaire d’attirer le lecteur en lui présentant le contenu de l’ouvrage. C’est pourquoi, sur la quatrième de couverture, apparaissent des textes de présentation.

Certaines maisons d’édition vont résister (Les Éditions de Minuit) ou alors écrire une ou quelques lignes (Gallimard) concises et énigmatiques ou bien se contenter d’une phrase tirée du texte. Tandis que d’autres présentent des textes denses et longs pour transmettre le plus d’informations possible (Actes Sud).

Ce texte doit pouvoir présenter le récit de manière cohérente : 

– débuter l’intrigue ou la résumer ;

– indiquer le genre littéraire ;

– apporter des informations sur le style ou le sujet abordé par l’auteur ;

– mettre en valeur l’ouvrage et l’auteur (avec des éléments biographiques et bibliographiques à propos de l’auteur).

Comment faire une bonne couverture de roman ?

Imaginons que tu souhaites publier ton récit, il faut que tu puisses convaincre les lecteurs de l’acheter et cela passe notamment par une belle couverture.

Mais comment réaliser une couverture de roman ?

Quelques conseils judicieux

Eh bien difficile de dire quelle serait la recette miracle, mais voici tout de même quelques petits conseils qui pourraient t’aider grandement :

– Réfléchir aux lecteurs et lectrices que tu souhaites viser : est-ce des enfants, des fans de polar, des lecteurs de grande littérature, etc. Ta couverture doit être pensée de manière à toucher ton public. Faut-il des couleurs sobres ou éclatantes, des images abstraites ou plus naïves, une police d’écriture classique ou plus originale, etc.? Même si ta couleur est très réussie, mais qu’elle n’inspire pas que le public que tu vises, alors tu auras beaucoup de mal à vendre ton livre. L’idée est de savoir quel message tu souhaites passer.

– Trouver le bon visuel : réfléchis aux visuels et aux teintes qui vont figurer sur ton livre. Ils permettent de donner des indices sur l’univers et le style de ton récit. Un livre humoristique aura des couleurs assez joyeuses, tandis qu’un roman policier arborera des couleurs sombres. Si tu souhaites utiliser un visuel existant, veille bien à vérifier qu’il est libre de droits d’exploitation.

– Bien agencer la mise en page : ne charge pas trop ta couverture avec des images et couleurs, celles-ci doivent être bien contrastées. Et prends soin de hiérarchiser les informations en variant notamment la taille du texte. Il faut que ton titre et ton nom soient bien visibles et lisibles. L’idéal est de placer du texte sur un fond unicolore et assez éloigné d’un élément graphique.

– Faire appel à des professionnels : si tu n’es pas à l’aise avec des logiciels de design, n’hésite pas à te tourner vers des graphistes professionnels.

– Faire valider son visuel : avant de publier ton livre, il faut que tu sois certaine que ta couverture fasse mouche. Je te recommande donc vivement de soumettre ta couverture (et ton livre même) à des avis extérieurs. Aussi, tu peux aussi bien demander à tes proches ou même à des inconnus. Tu peux même prévoir différents modèles de couverture afin de savoir quelle est celle qui rencontre le plus de succès.

– Respecter différents critères : l’image de ta couverture doit être au format JPEG, ne pas dépasser le poids de 3 Mo, être une taille d’au moins 1 500 pixels de large et la résolution de 300 dpi.

Des idées de design et dessins pour une couverture qui dépote

Voici quelques tendances pour réaliser de jolies couvertures :

– des mélanges abstraits : des mélanges de couleurs et textures avec des couleurs et formes dynamiques. Ils peuvent laisser penser à une phase de transformation.

– des grosses lettres et arrière-plans chargés qui s’entremêlent : des couvertures qui attirent le regard et embarquent le lecteur dans un autre monde. La frontière se brouille entre le texte et les visuels.

– une absence de hiérarchie : le titre et le nom de l’auteur ont la même taille de police. L’effet produit peut être l’envie de se distinguer et d’apporter du désordre.

– du minimalisme pop art : ce genre de couverture mêle des polices volumineuses et des images aux couleurs lumineuses et un brin kitsch. Ce design met en avant une certaine culture populaire et transgresse la hiérarchie.

– du collage et des pages déchirées : du jean aux pages déchirées, cette couverture donne un esprit punk et transgressif. Elle peut convenir pour un récit proche du réel, brut. Parfois, ces déchirures peuvent également dévoiler de la beauté.

– des motifs floraux imposants : les fleurs et/ou plantes sont grandes et éclatantes de couleurs. Ce design peut faire penser à de la contemplation.

– un rapprochement du bord : un texte de grande taille qui s’étale jusqu’aux bords du livre, comme jusqu’au dos. Cette apparence interpelle et accroche le regard. Elle peut donner l’impression d’un récit si important, si spectaculaire qu’il repousse les limites physiques du livre, ou encore d’un débordement d’émotion.

Alors, oui oui certaines idées partagées ici sont en contradiction avec les conseils donnés plus hauts. Mais enfin il faut bien des exceptions à la règle non ?

N’hésite pas à t’inspirer sur le Net ou en librairie pour trouver des couvertures inspirantes.

Prêt à produire la prochaine couverture coup de cœur du public ?

Les plus belles couvertures de livre

Et bien évidemment, je me devais de te partager les couvertures les plus chouettes que j’ai pu croiser (je suis déjà frustrée de me dire que j’en ai oubliées). Qui sait, cela pourrait même te donner des idées de cadeaux ? 

Une liste de livres aux belles couvertures pour tous et toutes

Voici ma liste organisée (sans aucun classement, je préfère préciser) :

Smart de Kim Slater

– Smart de Kim Slater ;

Arsène de Juliette Arnaud

– Arsène de Juliette Arnaud ;

Mon Désir le plus ardent de Pete Fromm

– Mon Désir le plus ardent de Pete Fromm ;

La Mémoire de Babel de Christelle Dabos

– La Mémoire de Babel de Christelle Dabos ;

– Les choses que nous avons vues de Hanna Bervoets ;

Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers

– Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers ;

Demain, le jour de Salomon de Izarra

– Demain, le jour de Salomon de Izarra ;

– Les Désirs flous de Dola de Jong ;

L'Enterrement des étoiles de Christophe Guillemain

– L’Enterrement des étoiles de Christophe Guillemain ;

La Forêt des disparues de June Hur

– La Forêt des disparues de June Hur ;

Monstres de Frédéric Richaud

– Monstres de Frédéric Richaud ;

– Sauvage de Jamey Bradbury ;

Délius, une chanson d’été de Sabrina Calvo

– Délius, une chanson d’été de Sabrina Calvo ;

De pierre et d’os de Bérengère Cournut

– De pierre et d’os de Bérengère Cournut.

Une liste de beaux livres pour enfants

Et je souhaitais également mettre en avant certaines couvertures de livres pour les petits et grands enfants qui sont très souvent de petites merveilles pour les yeux et que je prends grand plaisir à feuilleter. Ce qui chouette c’est que cela vous donne une idée des illustrations, de l’univers et parfois des personnages du récit que vous découvrirez au fil des pages.

Voici un petit aperçu des ouvrages pour lesquels j’ai eu un coup de cœur :

La Maison des mots perdus de Kochka

– La Maison des mots perdus de Kochka ;

La volière dorée - Ou la Véritable histoire de la princesse sanguinaire de Anna Castagnoli et Carll Cneut

– La volière dorée – Ou la Véritable histoire de la princesse sanguinaire de Anna Castagnoli et Carll Cneut ;

La légende de Momotaro de Paul Echegoyen

– La légende de Momotaro de Paul Echegoyen ;

L'homme montagne de Séverine Gauthier et Amélie Fléchais

– L’homme montagne de Séverine Gauthier et Amélie Fléchais ;

Bluebird de Tristan Koëgel

– Bluebird de Tristan Koëgel ;

– Dans la forêt du paresseux d’Anouck Boisrobert, Louis Rigaud et Sophie Strady ;

– Plein soleil d’Antoine Guilloppé ;

À l'Est du Soleil et à l'Ouest de la Lune de Kay Nielsen

– À l’Est du Soleil et à l’Ouest de la Lune de Kay Nielsen ;

L'Ours et le papillon de Margaret Wise Brown

– L’Ours et le papillon de Margaret Wise Brown ;

Pierre Lapin de Beatrix Potter

– Pierre Lapin de Beatrix Potter.

Je te laisse le plaisir d’aller découvrir tous ces livres et leurs belles couvertures (selon les éditions, il se peut que les couvertures ne soient pas les mêmes). Et si tu as toi aussi des couvertures qui t’ont marqué, partage-les en commentaire !

De ton côté, juges-tu un livre d’après sa couverture ? T’influence-t-elle lorsque tu choisis un livre ?

 

Hélène

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Sikorsky Marilyn
21/05/2023 18:44

Très intéressant à lire avec de la recherche du pourquoi et du comment. Bravo pour votre article très bien écrit par ailleurs.

Marlin
Marlin
15/05/2023 18:42

C’était intéressant !

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