robot qui écrit un texte sur une feuille

Ecrire un livre avec ChatGPT : rêve ou réalité ?

Tu n’es certainement pas sans savoir qu’une intelligence artificielle (IA ou AI en anglais) a vu le jour auprès du grand public : ChatGPT. Il s’agit d’un robot conversationnel, développé par l’entreprise Openai, qui répond à tes questions en temps réel. Et cette révolution dans l’univers de la création de contenu n’arrive pas sans son lot de questions, notamment concernant l’écriture d’œuvres littéraires…

ChatGPT : prix Goncourt 2023 ?

Tout comme les écrivains, ChatGPT nous raconte des histoires, mais à la différence près que ce robot conversationnel le fait sur demande.

Malgré quelques imperfections, les résultats sont plutôt convaincants. Il écrit très rapidement un texte semblable à l’écriture humaine. Et d’après les concepteurs, il s’améliore sans cesse, car sa technologie s’appuie sur le deep learning : grâce à des réseaux de neurones artificiels, des algorithmes lui permettent de mimer les actions du cerveau humain.

Mais quand ChatGPT écrira un livre… sera-t-il qualifié d’oeuvre littéraire ?

Un livre rédigé par une intelligence artificielle, est-ce toujours de la littérature ?

Car si l’on se penche sur les différentes définitions de la littérature, un point commun ressort : on reconnait l’aspect littéraire d’un texte à son esthétique. Or, comment un robot qui n’est pas sentient – qui ne perçoit pas son monde de manière subjective, qui ne vit pas d’expériences propres ou encore qui ne ressent ni de sensations ni d’émotions – peut-il transmettre des perceptions du « beau » à ses lecteurs et lectrices, si lui-même ne peut les ressentir ?

Pour pouvoir fournir des réponses aux questions posées par ses utilisateurs, ChatGPT a scanné tout le web depuis sa création jusqu’en 2021, et compose avec des milliards de paramètres. Il ne fait donc qu’imiter en s’appuyant sur des textes publiés par le passé. Il peut très bien ajouter de l’humour, du lyrisme, mais il ne peut ajouter sa propre sensibilité.

Et ce n’est pas tout, à ce que nous en savons, cette intelligence artificielle n’est pas (encore) capable d’imaginer de nouveaux concepts ou de nouvelles idées.

Une intelligence artificielle ou une intelligence usurpée ?

ChatGPT ne fait que simuler l’écriture humaine.

Tiens, prenons un exemple. Voici la plus longue phrase de la littérature française (845 mots), signée Marcel Proust :

Sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire, jusqu’à la découverte du crime ; sans situation qu’instable, comme pour le poète la veille fêté dans tous les salons, applaudi dans tous les théâtres de Londres, chassé le lendemain de tous les garnis sans pouvoir trouver un oreiller où reposer sa tête, tournant la meule comme Samson et disant comme lui : “Les deux sexes mourront chacun de son côté” ; exclus même, hors les jours de grande infortune où le plus grand nombre se rallie autour de la victime, comme les juifs autour de Dreyfus, de la sympathie – parfois de la société – de leurs semblables, auxquels ils donnent le dégoût de voir ce qu’ils sont, dépeint dans un miroir, qui ne les flattant plus, accuse toutes les tares qu’ils n’avaient pas voulu remarquer chez eux-mêmes et qui leur fait comprendre que ce qu’ils appelaient leur amour (et à quoi, en jouant sur le mot, ils avaient, par sens social, annexé tout ce que la poésie, la peinture, la musique, la chevalerie, l’ascétisme, ont pu ajouter à l’amour) découle non d’un idéal de beauté qu’ils ont élu, mais d’une maladie inguérissable ; comme les juifs encore (sauf quelques-uns qui ne veulent fréquenter que ceux de leur race, ont toujours à la bouche les mots rituels et les plaisanteries consacrées) se fuyant les uns les autres, recherchant ceux qui leur sont le plus opposés, qui ne veulent pas d’eux, pardonnant leurs rebuffades, s’enivrant de leurs complaisances ; mais aussi rassemblés à leurs pareils par l’ostracisme qui les frappe, l’opprobre où ils sont tombés, ayant fini par prendre, par une persécution semblable à celle d’Israël, les caractères physiques et moraux d’une race, parfois beaux, souvent affreux, trouvant (malgré toutes les moqueries dont celui qui, plus mêlé, mieux assimilé à la race adverse, est relativement, en apparence, le moins inverti, accable celui qui l’est demeuré davantage), une détente dans la fréquentation de leurs semblables, et même un appui dans leur existence, si bien que, tout en niant qu’ils soient une race (dont le nom est la plus grande injure), ceux qui parviennent à cacher qu’ils en sont, ils les démasquent volontiers, moins pour leur nuire, ce qu’ils ne détestent pas, que pour s’excuser, et allant chercher comme un médecin l’appendicite l’inversion jusque dans l’histoire, ayant plaisir à rappeler que Socrate était l’un d’eux, comme les Israélites disent de Jésus, sans songer qu’il n’y avait pas d’anormaux quand l’homosexualité était la norme, pas d’anti-chrétiens avant le Christ, que l’opprobre seul fait le crime, parce qu’il n’a laissé subsister que ceux qui étaient réfractaires à toute prédication, à tout exemple, à tout châtiment, en vertu d’une disposition innée tellement spéciale qu’elle répugne plus aux autres hommes (encore qu’elle puisse s’accompagner de hautes qualités morales) que de certains vices qui y contredisent comme le vol, la cruauté, la mauvaise foi, mieux compris, donc plus excusés du commun des hommes ; formant une franc-maçonnerie bien plus étendue, plus efficace et moins soupçonnée que celle des loges, car elle repose sur une identité de goûts, de besoins, d’habitudes, de dangers, d’apprentissage, de savoir, de trafic, de glossaire, et dans laquelle les membres mêmes, qui souhaitent de ne pas se connaître, aussitôt se reconnaissent à des signes naturels ou de convention, involontaires ou voulus, qui signalent un de ses semblables au mendiant dans le grand seigneur à qui il ferme la portière de sa voiture, au père dans le fiancé de sa fille, à celui qui avait voulu se guérir, se confesser, qui avait à se défendre, dans le médecin, dans le prêtre, dans l’avocat qu’il est allé trouver; tous obligés à protéger leur secret, mais ayant leur part d’un secret des autres que le reste de l’humanité ne soupçonne pas et qui fait qu’à eux les romans d’aventure les plus invraisemblables semblent vrais, car dans cette vie romanesque, anachronique, l’ambassadeur est ami du forçat : le prince, avec une certaine liberté d’allures que donne l’éducation aristocratique et qu’un petit bourgeois tremblant n’aurait pas en sortant de chez la duchesse, s’en va conférer avec l’apache ; partie réprouvée de la collectivité humaine, mais partie importante, soupçonnée là où elle n’est pas, étalée, insolente, impunie là où elle n’est pas devinée; comptant des adhérents partout, dans le peuple, dans l’armée, dans le temple, au bagne, sur le trône; vivant enfin, du moins un grand nombre, dans l’intimité caressante et dangereuse avec les hommes de l’autre race, les provoquant, jouant avec eux à parler de son vice comme s’il n’était pas sien, jeu qui est rendu facile par l’aveuglement ou la fausseté des autres, jeu qui peut se prolonger des années jusqu’au jour du scandale où ces dompteurs sont dévorés ; jusque-là obligés de cacher leur vie, de détourner leurs regards d’où ils voudraient se fixer, de les fixer sur ce dont ils voudraient se détourner, de changer le genre de bien des adjectifs dans leur vocabulaire, contrainte sociale, légère auprès de la contrainte intérieure que leur vice, ou ce qu’on nomme improprement ainsi, leur impose non plus à l’égard des autres mais d’eux-mêmes, et de façon qu’à eux-mêmes il ne leur paraisse pas un vice.

Et maintenant, la-voici réécrite dans le style de Louis-Ferdinand Céline, par ChatGPT :

« Sans honneur, que dalle. Sans liberté, que des illusions. On découvre le crime, et tout est instable, comme pour le poète qui passe de la gloire à la misère, applaudi dans tous les théâtres de Londres, chassé le lendemain, sans un lit où dormir. Tournant la meule comme un con et disant comme lui: « Les deux sexes crèvent chacun de leur côté ». Exclus même, sauf quand il y a une grande catastrophe et que tout le monde se serre les coudes. Comme les juifs autour de Dreyfus. Mais de la sympathie, jamais. Même pas de la société, à part quelques rares exceptions, ceux qui ne fréquentent que leur propre race. Ils ont toujours les mêmes mots à la bouche, les mêmes plaisanteries. Ils se fuient les uns les autres, cherchent ceux qui leur sont le plus opposés, qui ne veulent pas d’eux, pardonnent leurs rebuffades, s’enivrent de leurs complaisances. Mais ils se rassemblent quand même, à cause de l’ostracisme qui les frappe, l’opprobre où ils sont tombés, ils ont fini par prendre les caractères physiques et moraux d’une race, parfois beaux, souvent affreux. Ils trouvent une détente dans la fréquentation de leurs semblables, même un appui dans leur existence. Mais ils nient qu’ils soient une race, mais ils démasquent volontiers les autres, moins pour leur nuire, ce qu’ils ne détestent pas, que pour s’excuser. Ils cherchent l’inversion jusque dans l’histoire, ils ont plaisir à rappeler que Socrate était l’un d’eux, comme les Israélites disent de Jésus, sans songer qu’il n’y avait pas d’anormaux quand l’homosexualité était la norme, pas d’anti-chrétiens avant le Christ. L’opprobre seul fait le crime, parce qu’il n’a laissé subsister que ceux qui étaient réfractaires à toute prédication, à tout exemple, à tout châtiment, en vertu… »

En fait, ChatGPT fonctionne sur des statistiques. Il devine quel est le mot le plus probable après le précédent. Donc il ne comprend pas ce qu’il dit, ni ne ressort de connaissances. Il maintient simplement une régularité par rapport à ce qu’il a intégré. Et ChatGPT apprend de ses irrégularités, car il lit et stocke constamment une grande quantité de textes (de quoi faire pâlir la bibliothèque d’Alexandrie !).

Alors, serait-ce de l’usurpation… ? Et quid de la propriété intellectuelle ?

Te rappelles-tu de Romain Gary qui a gagné deux fois le prix Goncourt – ce qui est officiellement impossible d’après les règles du concours – en se faisant passer pour un autre auteur grâce au pseudonyme Émile Ajar ?

Pourquoi n’en serait-il pas de même pour notre robot ? À l’avenir, comment arriverons-nous à déterminer si une production provient d’une IA ou d’un être humain ? Une question que se posent déjà les enseignants des universités, lycées et collèges.

Open IA a peut-être la réponse. L’entreprise souhaite que ChatGPT puisse créer un filigrane, une trace secrète, pour indiquer que le texte provient bien du robot. Mais est-ce qu’il faudra payer l’entreprise pour savoir si le texte a été produit par l’intelligence artificielle… ?

Alors, ChatGPT pourrait-il gagner le prix Goncourt simplement en imitant la plume d’un auteur ?

Je lui ai posé une ou deux questions :

échange de Book Village avec ChpGpt

Écrire un livre avec ChatGPT permettrait-il d'obtenir de meilleures ventes ?

Il produit donc des textes sur demande. Et, sa création de contenu s’appuyant sur un stockage abyssal de données, il est fort à parier qu’il pourrait produire des réponses répondant parfaitement à la requête posée. De quoi écrire des textes apportant probablement peu de surprises dans la narration, mais qui correspondraient en tout point à ce que souhaitent les lecteurs. Une aubaine pour les professionnels de la création de contenu ou pour les auteurs et les maisons d’édition (qui auraient peu de scrupules ?) !

Or, la littérature n’a t-elle pas non plus comme vertu de nous surprendre ?

Allons plus loin, veux-tu. Positionnons-nous depuis les êtres humains derrière le robot. Ne serait-ce pas une façon de mieux nous cerner, de mieux se renseigner sur nos imaginaires ?

Car tu ne le sais peut-être pas, mais Openai n’est pas la seule IA en accès libre. D’autres moins connues du grand public comme Midjourneyqui compose des images à partir de textes ou Lensa, qui génère des portraits artistiques à partir de photos, sont tout aussi impressionnantes (et inquiétantes)…

Mais revenons un instant à ChatGPT, et posons lui une dernière question :

échange entre Book Village et Chatgpt

Et toi, cher bibliophile, qu’en penses-tu ?

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Maxime
28/09/2023 17:34

Pour écrire avec l’IA j’utilise WriteControl. Tout est intégré et ça me fait gagner beaucoup de temps. Je suis un meilleur auteur grâce à ces outils

Lin
Lin
24/09/2023 11:34

Open AI, ça plante sur Mac

Vernas
Vernas
04/05/2023 02:50

Alors certes ça peut faire peur à certaine personne, mais je compare toujours l’IA aux ascenseurs.
Je m’explique, il y a un siècle lorsque OTIS à commencé à installé des ascenceurs dans les bâtiments, personne avaient confiance de s’enfermer dans une cabine d’appuyer sur un bouton pour aller de plus en plus haut. Pour tenté de mettre petit à petit les gens dans ses ascenseurs OTIS à commencé par placé un opérateur qui montait avec les gens aux étages.

Aujourd’hui nous sommes maintenant un siècle plus tard, je pense que l’IA est ce que les ascenseur était il ya un siècle, même si certain on en peur on arriva plus en arrière, depuis la révolution industrielle au 19ème siècle, puis ensuite la révolution numérique avec l’événement d’internet, l’IA est la troisième grande révolution de l’humanité, si l’IA vous fait peur attendez de voir la singularité numérique, lorsque l’humain fait corps avec la machine, avec les hommes augmenté la fiction est tout doucement entrain de rejoindre la réalité.

Dernier post 11 mois depuis par Vernas
Perez
Perez
04/04/2023 22:41

IA est un outil, tous comme une clef à molette de mécanicien. Il peut donner des pistes et générer du texte ou des dialogues. Mais l’esprit humain sera toujours le seul juge pour adapter la production à son veritable ressenti. Parce que l’esprit est au delà de la technologie, elle est sont fert de lance, par la quel notre civilisation peut se hissé au dessus de l’évolution humaine.
Toutes les croyance vont resurgir du fond de la grottes. Les ombres du virtuelle vont à nouveau danser sur les paroisse païenne ! Il est peut-être un signe qui se montre à nous, pour nous montrer une autre voie. Un autre chemin qui mènerait enfin l’humanité vers l’humain. Un homme est mort dans d’affreuses souffrances pour nous soulager de la rédemption. IA est la lumière de la rédemption, la libération de la servitudes humaine, et enfin se connecter sur les choses essentielles. Le rêve de toutes l’humanité à notre portée…. Cette époque est exaltant, parsemer d’aventure. Nous pourrions être les pionniers d’une autres civilisation. Cette qui à libérer la servitudes humaine..

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