"Glacé" de Minier, une cascade de crimes au coeur des Pyrénées

Encore un livre dont on a l’impression, tant qu’on ne l’a pas lu, que les autres lecteurs vont nous brûler sur le bûcher pour « crime contre le roman policier » ! Donc, préférant passer du côté des juges plutôt que du côté des condamnés, je décidai de m’y mettre… Si vous voulez, vous aussi, une séance de rattrapage, c’est au Village que ça se passe !

Revenons-en à notre « Glacé » (et ôtez-vous tout de suite de la tête la pâtisserie du même nom !) !

Pour ce roman tout en contraste, l’auteur nous plonge dans le majestueux décor des Pyrénées, inspirant calme et sérénité, pour y disséminer des crimes atroces faisant rimer, dans une étrange décadence poétique, sérénité avec atrocités ! Car il est bien question d’atrocités dans cette histoire, la plus grande (notez mon implacable sens des priorités) se révélant le « meurtre » barbare d’un cheval accroché, sans sa tête, à une falaise à 2.000 mètres d’altitude… 

Dépêché sur les lieux sans qu’on lui explique la situation, c’est mi-furieux, mi-stupéfait que débarque le commandant Servaz, flic de son état. Cependant, son instinct reprend très vite le dessus et il suppose (à raison) que cet acte sauvage n’est que le prologue d’une escalade de l’horreur dans les montagnes ! Secondé par une énigmatique gendarme aussi belle qu’intelligente, Servaz se lance à la poursuite d’un machiavélique tordu… En même temps, le lecteur suit Diane, jeune psychologue qui débarque pour prendre ses fonctions dans le centre psychiatrique hébergeant de très dangereux criminels qui, étrange coïncidence, se situe non loin de là… Si vous y voyez une relation de cause à effet, vous avez raison puisque l’ADN de l’un des plus dangereux criminels qui y séjourne est retrouvé sur les lieux des crimes…

Alors qu’en ai-je pensé ? Sur le fond, absolument rien à redire puisque l’enquête est prenante, tordue à souhait et que, même si certains éléments de réponse sont plus ou moins prévisibles, dans l’ensemble, on nage de surprises en surprises ! Passé et présent perturbent les directions de l’enquête et, pour démêler ce sac de nœuds, il faut forcément une belle équipe d’enquêteurs chevronnés, et pour le coup, on est servi !

Mis à part quelques petits éléments qui m’ont agacée (la propension du héros à sortir une phrase latine tous les trente mots et celle de l’héroïne à s’aventurer seule, de nuit, dans le noir là où je n’irais déjà pas seule, de jour, en pleine lumière), « Glacé » est une lecture prenante (j’aurais bien dit « glaçante », mais elle serait vachement trop facile !), un thriller bien ficelé où les éléments s’enchaînent très rapidement, empêchant le lecteur de s’embêter. 

La fin nous ouvre les portes d’une suite qu’il est difficile de ne pas démarrer dès la dernière page tournée ! C’est d’ailleurs ce que j’ai fait puisque j’ai aussitôt ouvert le second tome (« Le Cercle ») afin de découvrir sous quelle forme la barbarie va se décliner cette fois… Et dès les premières pages, je ressens que cette fois, l’auteur va nous en dévoiler plus sur son héros… Allez-y, donc, enfoncez un bonnet sur votre tête et chaussez vos après-skis (ou enfilez votre bikini et posez-vous sur votre transat avec un cocktail) pour foncer dans les Pyrénées à la poursuite du Mal sous toutes ses formes avec Bernard Minier. 

Mais surtout, passez du bon côté de la barrière : du côté de ceux qui l’ont lu !