Submergés par la vague : Un combat pour la survie avec Sandrine Collette

Chronique de Nathalie Jacqmin-Clautier - 29 septembre 2023

"Juste après la vague", de Sandrine Colette

Le roman noir peut prendre mille et une forme. Aujourd’hui, je vous propose un roman qui est catégorisé, si l’on en croit sa couverture, dans « Sueurs froides ».

Pourtant, moi, c’est plutôt d’un roman qui conte l’amour infini qui unit une mère à ses enfants dont je vais vous parler…

Pata et Maddie sont les parents d’une heureuse fratrie de neuf enfants. Ils vivent tout en haut d’une colline, implantée sur une île dont on ne peut que présumer qu’elle fût autrefois belle… Car, quand on rencontre la famille, c’est « juste après la vague », cette vague qui a fait d’eux les seuls survivants de l’île… Survivants, certes ; mais seulement provisoirement ! Car l’eau continue à monter inexorablement. 

S’ils ne fuient pas très rapidement, eux aussi mourront noyés sous peu. Il faut donc partir, prendre la mer dans une embarcation fragile, en espérant rejoindre « les terres hautes », un eldorado dont on n’a cependant même pas la certitude qu’il existe vraiment. Seulement voilà, après le cataclysme, leur seul moyen de fuite est une toute petite barque dans laquelle tous ne tiendront pas : il manque trois places… Il faut maintenant faire un choix : qui va-t-on laisser sur l’île ?

C’est une histoire déchirante, bouleversante, et un peu terrifiante aussi… Parce qu’on est tellement sûrs de qui nous sommes que l’on ne soupçonne peut-être pas ce que la peur, la faim, le besoin de protéger notre famille pourraient nous conduire à faire. Dans cette ambiance post-apocalyptique, la survie est le seul objectif.

L’auteur a su nous immerger dans cette peur et dans cet espoir qui cohabitent en permanence. Entre abandon et regain d’énergie, les survivants font preuve d’autant de courage que de résilience…

L’histoire est à la fois dure et belle, sombre et lumineuse, atroce et magnifique… Tout et son contraire se trouvent à la lecture des mots de cette auteure que je découvre avec ce titre. C’est émouvant et déchirant, et je n’aurais pas imaginé ressentir une telle déferlante d’émotions dans ces lignes, surtout que j’ai commencé avec un (tout petit) bémol : j’ai eu un peu de mal à me faire au choix de l’auteur de souvent se passer de sujet dans ses phrases… Un style assez déroutant mais qui finit par ne plus gêner dès lors que l’on s’y fait. Parce que le sujet est tellement poignant ! 

En effet, je suis mère, moi aussi ! Comment aurais-je pu faire ce choix : partir avec six de mes enfants, rester avec les trois autres ? Qui laisser, qui emmener ? Qui suivre, qui sauver ? Mais est-ce qu’ils seront sauvés ? Le tourbillon de questions, l’impression permanente de ne faire que des mauvais choix, c’est le calvaire ce cette mère qui ne peut pas sauver tous les siens et qui doit avancer avec cette déchirure, sous peine de n’en sauver aucun…
 
Allez-y, les amis, mais tenez-vous prêts, parce que, forcément, de juste après la vague, on ressort essoré… (oups, pardon, elle était facile…).

Nathalie Jacqmin-Clautier 

Editeur : Denoel

Paru le 18 janvier 2018

Disponible sur Book Village dès 1.58€

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