Raisons obscures" - Amélie Antoine chronique

"Raisons obscures" : oserez-vous gratter la surface ?

Chronique de Nathalie Jacqmin-Clautier - 25 août 2023

Raisons obscures, d'Amélie Antoine

Coucou les Villageois !

En cette période de rentrée scolaire, j’ai choisi de vous parler de ma troisième rencontre avec Amélie Antoine. Celle-ci confirme, à mon sens, son incroyable talent (sans mauvais jeu de mots pour tous ceux qui ont lu le livre !). Conté sur deux parties, « Raisons Obscures » nous fait par deux fois traverser le temps, de septembre 2017 à juin 2018, au travers, dans la première partie, de deux familles bien sous tous rapports et, dans la partie suivante, en revoyant l’histoire du point de vue des deux adolescentes d’environ 15 ans de chacune des familles respectives.

Les familles Kessler et Mariani vivent dans la même ville. Les fils cadets sont tous les deux dans la même classe, de même que Sarah, la fille aînée des Mariani, et Orlane, l’enfant « du milieu » de la famille Kessler.

Pour les uns (les Kessler), l’emménagement est tout récent. Il s’agit en fait d’une sorte de nouveau départ qu’offre Yanis, le père, à son épouse en lui permettant de revenir vivre dans la ville où elle a grandi. Pour les autres (les Mariani), la nouveauté se situe dans la réorientation professionnelle prise par Claire, la mère.

Pour ces deux familles en apparence parfaites, le quotidien fleurit de non-dits qui menacent clairement l’équilibre familial. Voilà ce que l’on voit et que l’on ressent dans cette première partie. En tant qu’observateur, on espère que les adultes vont réparer leurs erreurs, qu’ils seront capables de réorienter leurs vies et de remettre les vérités au centre de leurs préoccupations, afin que leurs familles retrouvent la paix, mais surtout le bonheur. Voilà ce que la première partie nous conte, mais croire qu’il ne s’agit que de rééquilibrer un bonheur familial bancal qui souffre d’une foultitude de non-dits, c’est clairement mal connaître Amélie Antoine !

Dès que démarre la seconde partie, on a l’impression d’avoir été complètement aveugles pendant toute la partie précédente. On se prend une rafale d’émotions en pleine tête et on assiste, impuissants, à une violence croissante qui va nous conduire jusqu’à un final effroyable et insupportable. Et quand, à bout de souffle, on repose le livre, on ne peut pas s’empêcher de remettre en question nos sacro-saintes qualités de parents, horrifiés à l’idée que, comme les Kessler ou les Mariani, on pourrait passer à côté de « ça » … 

Amélie Antoine signe ici un roman grandiosement insupportable, où l’on étouffe sous la simplicité des mots, des mots qui nous rappellent à quel point nos facultés de compréhension peuvent être biaisées par nos visions étriquées d’adultes. L’émotion qui a accompagné ma lecture de la seconde partie a noué ma gorge tout du long… J’aimerais tellement que tout ça ne soit que pure fiction… 

Alors, en cette belle période de rentrée scolaire, je vous propose de garder un œil sur nos chères têtes blondes, mais je vous propose surtout de partir à la découverte de cette plume percutante qui est l’arme d’Amélie Antoine. L’auteure est une passeuse d’émotions, et avec elle, vous découvrirez que le plus banal des quotidiens peut être la plus dangereuse des bombes à retardement… 

 
Bonne rentrée à tous !

Nathalie Jacqmin-Clautier 

Editeur : XO Editions

Paru le 7 mars 2019

Disponible sur Book Village dès 1.49€

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