Chronique de "Rosine, une criminelle ordinaire" de Sandrine Cohen

Dernièrement, je me suis lancé un challenge personnel qui consiste à partir à la rencontre à la fois de nouveaux auteurs, mais aussi des plumes du collectif « les louves du polar » que je ne connais pas encore. Ce collectif rassemble de talentueuses auteures qui ont pour objectif de montrer que oui, les femmes aussi peuvent écrire de bons polars ! 

Personnellement, je ne m’étais jamais aperçue d’un vrai problème de visibilité des auteures, d’autant que ma bibliothèque regorge de titres écrits par des femmes. Découvrir les louves que je ne connaissais pas encore me semblait donc une évidence, quitte à provoquer une augmentation massive de PAL !

« Rosine », ce roman de Sandrine Cohen, m’intriguait depuis longtemps, le moment était venu de faire enfin sa connaissance.

Rosine, c’est l’histoire de cette jeune femme que tout le monde s’accorde à décrire comme particulièrement douce et aimante. Pourtant, la douce et aimante Rosine a noyé ses deux filles. Comment peut-on être cette mère parfaite, cette amie parfaite, cette ex-femme parfaite, et pourtant, noyer ses enfants ? Pire, comment peut-on noyer ses enfants puis les pleurer ? Qu’est-ce qui a disjoncté dans le parcours de Rosine ? C’est le travail de Clélia Rivoire de le comprendre. Clélia, elle est « enquêtrice de personnalité ». Mais Clélia, c’est surtout une jeune femme volcanique, qui a une sensibilité à fleur de peau qui, souvent, dicte ses actes. Tout ce qu’elle fait, elle le fait avec ses tripes, avec son cœur, et elle porte haut et fort chacune de ses convictions, pas toujours de la manière la plus diplomatique qui soit, il faut le reconnaître…

Rosine, c’est le personnage que l’on ne peut que détester ! Non, mais sérieux ? Elle a noyé ses enfants ! Elle est coupable, elle le sait, elle le dit. Alors pourquoi devrions-nous perdre notre temps à la comprendre ? C’est contre ça que Clélia va devoir se battre, à la place de Rosine ! d’abord, avec son aide, ensuite. Car Clélia en est sûre : quelque chose se cache au plus profond de Rosine, un monstre tapi qui doit être exhumé afin que l’on comprenne, que surtout, Rosine comprenne et parvienne à se pardonner.

Si l’histoire de Rosine est au centre de tout, la vraie héroïne de ces pages, c’est Clélia. Clélia qui est, paradoxalement, aussi instable qu’un bâton de dynamite et aussi attachante qu’un chiot sans défense.

L’écriture est particulière, même un peu déroutante, comme peut l’être Clélia. Il faut un moment pour s’adapter et se caler à ce rythme particulier. Mais une fois embarqué, ce qui arrive rapidement, il nous tardera de comprendre, nous aussi, à défaut d’excuser. Du moins c’est ce qu’on se dit, car il paraît inconcevable de pouvoir excuser un tel geste ! Jusqu’à ce que Clélia lève le voile et libère le monstre et la terrifiante vérité.

La thématique est extrêmement lourde, mais Rosine et Clélia font partie de ces personnages marquants qu’un lecteur n’oubliera jamais. Moi, je ne les oublierai jamais.